Au seuil de la chapelle, Anne s'arrêta un moment, songeuse. Avant d'entrer, elle voulait être seule, tout-à-fait seule, pour se remémorer les moments passés avec Dame Ulan. A l'intérieur, il serait trop tard. Il y aurait du monde, des amis, la famille, peut-être.
L'accueil à l'APD, chaleureux, l'aide jamais ménagée à la petite fille qu'elle était alors, qui tentait de trouver ses marques, toujours au bord de l'agressivité, toujours au bord des larmes ; l'entrée à l'Université, très vite, et les précieux conseils... Anne ne pouvait rester indéfiniment figée dans l'apparente contemplation des détails du loquet. Elle entra.
Auprès du catafalque, entre les tentures, les tapisseries, les oriflammes, peu de monde encore. Certains ne viendraient que pour les funérailles. D'autres ne pourraient se déplacer. Anne avisa un prie-dieu, dans l'ombre d'un pilier, et s'agenouilla.