Diner entre amis

Arfast et Joshin avaient pris quelque repos, et avaient rafraichi leur toilette, malmenée pendant le voyage. La jeune mère avait profité de ce moment d'intimité pour allaiter la petite Anne, et la parer d'une belle robe que lui avait offerte la Duchesse de Chenot, qu'elle avait rencontrée peu de temps auparavant. L'enfant était superbe, toujours sage et rieuse, ne leur donnant jamais aucun sujet d'inquiétude. Mais Joshin avait parfois le coeur un peu serré en la regardant, et pensait avec regret à leur fils ainé resté en Orléanais et qui lui manquait tant.
Un page vint les chercher pour les conduire à la salle à manger. Elle prit Anne dans ses bras, et son mari apporta le couffin où elle pourrait dormir pendant leur repas. Elle était heureuse d'être à Montfort, se souvenant avec émotion de sa première venue, et elle sourit à son mari avant d'entrer dans la salle à manger où ils étaient attendus.

Les deux amoureux s'étaient reposés et avaient pris soin de leur petite Anne durant le temps qu'ils avaient eu pour se préparer dans leur chambre. Ils étaient ensuite invité à rejoindre leurs hôtes et amis dans la salle à dîner. Un page vint les conduire et Arfast offrit donc son bras à son aimée, qui tenait la petite Anne, songeant à leur fils, un peu plus jeune que le petit Louis.

Ils entrèrent la Salle à Manger, un endroit assez luxueux et bien décoré, il était certes agréable de prendre le repas ici. Arfast chercha leurs amis du regard un moment, après avoir sourit à son coeur.

- Mes chers amis. Quelle joie de vous avoir a Montfort de nouveau. Prenez donc place, je vous en prie! Alors, comment s'est passé votre campagne en Genève? Racontez moi tout cela, votre périple, votre mission, tout !

Ce fut sur ces mots qu'on les accueillit dans la salle à manger. Déjà Arfast remarqua que la grossesse de la baronne semblait fort avancée, et il s'en réjouit pour eux..

- Mes amis ! C'est un grand plaisir que de vous voir. Notre croisade s'est bien passée, accompagnée de l'heureuse naissance de notre fille ici présente, la petite Anne. Mais notre périple serait un peu long à raconter par quelques échanges, si vous voulez bien nous entendre, nous pourrions nous mettre à l'aise, qu'en pensez-vous ? Néanmoins, vous comme nous en connaissons le résultat, qui n'est pas des plus concluant.

Il sourit à ses hôtes et prit la main de son aimée avec douceur, pour la glisser dans la sienne.

La table peu à peu s'était couverte de victuailles appétissantes, et la conversation se poursuivait agréablement, lorsqu'une voix enfantine mais cependant assurée se fit entendre:

- Madame, Messire, je vous souhaite le bonsoir. Bienvenu au Chateau.

Joshin regarda avec beaucoup d'émotion l'enfant qui venait de faire son entrée. Il les salua, et prit place . La jeune femme le regardait, et sa pensée était bien loin de la table d'apparat dans la salle à manger élégante des Barons. Elle voyait à sa place leur table familiale, en terres orléanaises, et se demandait ce que faisait leur fils ainé, au même moment. Il était un peu plus jeune que Louis, et pour lui épargner les affres de la guerre et de la croisade, ses parents l'avaient laissé aux bons soins de sa gouvernante et d'une amie fidèle. Mais il leur manquait terriblement, tous les jours, et en voyant le jeune Louis, si grand déjà, elle se demandait si François aussi avait autant grandi. Ils allaient retrouver un jeune garçon, en ayant l'impression d'avoir laissé un tout jeune enfant. Une nouvelle fois, elle pensa qu'ils n'avaient pas été là quand il avait fait ses premiers pas: combien de choses auraient-ils manquées encore, à leur retour?
Elle sentit le regard de son mari posé sur elle, et lui sourit, en serrant tendrement sa main. Il la connaissait si bien... et elle avait appris à le connaitre aussi. Elle savait que leurs pensées et leurs regrets se rejoignaient, en cet instant précis.

Kederick leur fit part de ses problèmes liés à sa charge et les invita à s'asseoir à la table.

- C'est fort dommage, il me déplait de savoir qu'un bandit puisse courir les routes librement vous savez.

Surgit alors le petit Louis. Arfast fut grandement étonné de voir ce jeune garçon très poli et surtout aussi grand. Il songea à quel point le temps avait passé vite depuis leur dernière visite.

Madame, Messire, je vous souhaite le bonsoir. Bienvenu au Chateau.

Merci, il me fait plaisir d'être si bien accueilli jeune homme.

Il ne put s'empêcher de penser lui aussi au fils qu'ils avaient du laisser en leur maison sous la surveillance de la gouvernante. Il leur manquait cruellement et espéraient simplement avoir beaucoup de temps à consacrer à son éducation à leur retour. Il était certain que son fils avait grandi lui aussi et qu'il avait prit un peu des traits de ses parents. Il jeta alors un regard à son coeur, qui lui sourit, elle songeait à cela elle aussi.

- Et bien, voilà mon ami. Nous avons été mobilisés d'Orléans pour prendre part à cette grande croisade contre Genève qui, vous le savez, abritait les Lions de Juda. Ce fut source de piété que de savoir que nous pourrions rétablir la vrai foy en ces contrées si libertines. De plus il était impensable de laisser impunie l'action de Genève contre les terres de France, en Béarn. Nous prîmes la route et, en Bourgogne, nous furent remis les étendards croisés. Les difficultés furent nombreuses avec touss ces laissez-passez. Les Sainctes Armées ne devraient pas avoir à se formaliser de ce genre de demande, elles marchent pour Rome et ne menacent aucunement les terre traversées après tout. Néanmoins nous finîmes par mettre le siège devant Genève, où nous devions rester seulement cinq jours. Ce fut grande déception dans nos rangs quand l'Église annonça la fin de la croisade, puisque Genève a accepté de se dissocier du Lion, ce qui est bonne chose, mais entamer des négociations en renvoyant ainsi le seul moyen de pression dont disposait Rome en ces régions, cela n'était certes pas pour nous plaire ...

Ulan était ravie de recevoir des amis chez elle. Elle aimait les ambiances chaleureuses et conviviales.
Coincée dans son fauteuil, elle ne put se lever. Son ventre était énorme et son dos lui tirait.
Elle observa son époux et son fils, elle était fière d'eux. Louis ressemblait beaucoup à son père.
Elle écouta la conversation entre les convives et son mari.

Kederick ecouta attentivement le récit de son ami sur leur long périple. Il ne put s'empecher de constater l'emotion de ses convives quand lui avait fait son entrée. Leur fils devait terriblement leur manquer... Saint-Prigent réagit aux propos entretenus par Riveroy:

- Je comprend évidemment votre mécontentement quant aux difficultés administratives pour traverser certains territoires comme le Lyonnais Dauphiné. Cependant, nous vivons icelieu en des provinces frontalières... les bandits y sont légions et les territoires voisins parfois menaçants..... Aussi devons nous etre plus stricts en matière de sécurités que certaines autres provinces plus entravées...

D'autre part, il est vrai qu'il a du être frustrant pour les soldats que vous etes d'avoir marché aussi longtemps pour finalement ne point pouvoir combattre la saincte cause. Mais au font de vous, l'ambassadeur que vous êtes n'a t il pas préféré voir l'emporter la plume que le fer et le sang?

[i]Le baron sourit. Il n'aimait pas la violence, bien qu'il sache que parfois, cette dernière etait inévitable, mais toujours en ultime recours, quand la négociation et la diplomatie n'avait pas abouties.
Kederick prit la main de son epouse et l'embrassa. La voir dans cette etat de fatigue l'inquietait un peu bien qu'il sentit qu'elle faisait tout pour faire bonne figure et faire honneur a ses hotes.[Louis se délectait de ce qu'il mangeait, tout en écoutant les dicussions des adultes, se forgeant ainsi une opinion et tentant d'acquerir des aptitudes au raisonnement./i]

- Vous me connaissez bien cher ami. Oui, mon coeur s'est réjoui de voir que moins de sang a été versé et que la diplomatie a pu régler le conflit, mais à mon avis les représentants de l'église ont fait une grande bévue en entreprenant seuls les démarches, sans n'avoir aucune certitude de là part de la Confédération Helvétique, vous comprenez que c'était un jeu risqué, renvoyer les Sainctes Armées aux risques d'un volte-face de Genève où il aurait été trop tard pour intervenir. Heureusement cela ne s'est pas produit, mais je préfère les certitudes aux doutes ...

Bien qu'à tables, Arfast était près de son épouse et lui prit la main. Comme il était heureux d'être ici, chez leurs amis avec elle. Le baron et la baronne faisait eux aussi preuve de grande tendresse et il se réjouissait de voir de telles choses, ils avaient connus tant de couples malheureux, il était bon de se souvenir que les vrais unions sont ceux qui lient deux personnes qui s'aiment vraiment ...

- Je pense que mon épouse pourra vous conter la suite, tu es d'accord mon coeur ?

Il sourit à celle qui possédait son coeur et jeta aussi un coup d'oeil à la petite Anne, pour s'apercevoir qu'elle semblait elle aussi être très à l'aise dans cette ambiance des plus conviviales.